De toi
De toi que nous tenions dans nos mains
De toi qui n'aurais pas dû naître
De toi si fragile et si forte
De toi si lointaine et si proche
Gardienne de ma raison et de ma déraison
Je ne sais rien que ce que j'ai touché
Ta peau si douce si souvent égrenée
Tendrement tanée
Je ne sais rien que ce qui me touche
Ce qui tourne dans nos mémoires partagées
De toi si petite et toute brune
Tête blonde six mois après
Je ne sais rien que le tout
Ce que j'ai mis au monde
Ce que tu y as déposé à ton tour
Cette grande roue sans vertige
Ces mains que nous touchons ensemble
Tes yeux qui viennent de dedans les miens
Ta main qui si souvent me tient.
Tes bras qui parfois me serrent
Ta vie qui balance sur le fil tendu de l'absence
De la géographie des gens qui pansent
Ces enfants perdus que tu guides
Un goût de lasagnes qui revient !
Du temps où nous partagions un thé
Dans une dinette rose
Sur un coin de cuisinière de toc
Quand je te faisais des nattes
Que tu défaisais les miennes
La fontaine où nous avions planté un jardin
Pour les oiseaux avalant tes fiers coursiers
A la carapace illusoire
Cachés sous les tulipes ou le muguet
Ces robes étranges où tu dansais
La danse de la revanche devant la glace
Celle de la vie qui tourne
Et que rien rien
Ne peut arrêter.
