L'apocalypse
Il y a des chants qui se feront seuls
Parfois portés par quelques amis
La gueulante d'un soir au lendemain tarie
Dans d'autres bouches les mots vomis
Dans d'autres bras les fardeaux.
Il y a des chants qui iront plus haut
Sorties du ventre chaud
Des entrailles honies
Les serpillères honnêtement salies
Il y a des chants qui sonneront plus vrai
Ils ne seront ni mentis ni moqueries
Mais juste lus par les yeux du dedans
A jamais retournés vers les quatre cavaliers
Il y a des chants qui passeront
Car les mots aussi se blessent en tombant
A tant vouloir être ramassés
Ils se cassent un pied
Et finissent par boiter.
Il y a des chants qu'on ne fera qu'en rêve
Car parfois les choses viennent trop tôt
Et pour leurs têtes trop fortes
On ne trouve aucun chapeau
Le poète sort alors sans casque
Et reçoit des éclats.
Il avait choisi un autre nom, un nom de poéte...pas un nom polonais.
L'enfer
Un homme a traversé le désert sans rien boire
Et parvient une nuit sur les bords de la mer
Il a plus soif encore à voir le flot amer
Cet homme est mon désir, la mer est ta victoire.
Tout habillé de bleu quand il a l'âme noire
Au pied d'une potence un beau masque prend l'air
Comme si de l'amour- ce pendu jaune et vert -
Je voulais que brûlât l'horrible main de gloire
Le pendu, le beau masque et cet homme altéré
Descendent dans l'enfer que je creuse moi-même
Et l'enfer c'est toujours: « Je voudrais qu'elle m'aime. »
Et n'aurais-je jamais une chose à mon gré
Sinon l'amour, du moins une mort aussi belle.
Dis-moi, le savais-tu que mon âme est mortelle
On l'appelait Guillaume Appollinaire