Les gens dans les taxis

Publié le par Semeuse







Les gens dans les taxis ne connaissent pas les musiciens des rues.
A  chaque soubressaut du métro, ils ne les entendent pas  qui prennent toute la scène entre les banquettes et les strapontins, avec leur cuivre sous le bras qui fout du jazz dans la boîte à roulettes. La chauffeuse est dans sa cabine, avec trois enfants à gauche et une poussettte à droite...Elle sourit. Derrière elle, le métro est bondé. Qu'à cela ne tienne, on s'y écrase quand même. Me voilà entre deux géants de vingt ans qui ne savent où accrocher leurs mains. Les miennes sont dans mes poches, mon dos est bien calé contre la barre. Je ne bougerais pour rien au monde. François me regarde de loin et il se marre.
Les gens qui prennent les taxis ne se collent pas sur les barres cernés d'inconnus hilares.

Les gens dans les taxis ne voient pas les gens qui s'embrassent.
Il y en a partout et ce n'est pas le printemps, mais pour s'en rappeler les baisers s'encanaillent. Au milieu de la rame, bien calés l'un contre l'autre comme dans un bateau livre de cette marée humaine. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont vieux aussi, se passent les mains dans les cheveux.
Ils rêvent d'un taxi rien qu'à eux comme un lit.

Les gens dans les taxis ne voient plus la misère.
Les silhouettes inquiétantes s'amenuisent encore puis disparaissent tout à fait, au pied de la Tour Eiffel, une momie crève de froid, se redresse alors et s'ébroue puis reprend la pose millènaire de l'attente de la pitié de l'autre. Est-ce la même ce matin là au détour d'un couloir qui pue la multitude suante, le manque d'air et les solitudes croisées? Depuis combien de temps les vigiles attendent-ils que celui-ci se redresse? C'est un géant noir aux pieds nus, aux ongles si longs qu'ils ont sûrement fait le tour de la question. Enfin il tente de se redresser, tout ankylosé de ce temps arrêté qui tout doucement se remet à battre.
Il ne voit pas les gens des taxis qui ont choisi d'autres itinéraires.
Ceux qui restent à la surface.
Ceux qui ont peur de se salir.

Les gens dans les taxis foulent aux pieds la profondeur du monde.




Publié dans Mauvaises humeurs

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M
<br /> Au fait, j'ai tenté l'aquarelle. La semaine dernière je me suis procuré un mini nésessaire, des feuilles, et hop... sauf que je ne sais vraiment, mais vraiment pas dessiner... il faut que<br /> j'investisse dans du papier calque. Sinon, j'ai apprécié mais avec un bon prof, ça doit être agréable parce que seule, ça ressemble à un dessin d'enfant... je suis une grande enfant ! <br /> <br /> <br />
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S
<br /> ne change pas !! <br /> <br /> <br />
M
<br /> Justement... je m'adapte...<br />  <br /> <br /> <br />
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S
<br /> Ooh<br /> <br /> <br />
M
<br /> L'Homme a de grandes facultés d'adaptation !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Comment vas-tu ?<br /> <br /> <br />
A
<br />  Le métro, c'est tout une aventure... une ville sous la ville... quand on est pas habitué, c'est pas évident !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Tu crois qu'on s'habitue ?<br /> <br /> <br />
R
<br /> Pour aller ou revenir de l'aéroport, il y a la navette qui passe toutes les 20 minutes, c'est 4 euros le ticket... moins cher qu'un taxi<br /> <br /> <br />
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S
<br /> ....pas pour chez moi !!<br /> <br /> <br />