LE BONHEUR
Je suis plus heureuse chaque jour que bien des gens dans toute leur vie...J'aime beaucoup cette phrase que je reprends souvent à mon compte, les jours où ça va bien et ceux où ça va un tout petit peu moins bien...
On ne vient pas au monde avec un quota de bonheur attribué d'office...Naître en France, quoiqu'en disent certains, est un grand privilège.
Je remercie chaque jour mes grands parents, venus à pied de Pologne, de s'être installés en France pour que leurs enfants et les enfants de leurs enfants aient une existence meilleure. Le prix à payer était le prix fort, une vie passée à travailler dur dans un pays dont ils ignoraient la langue, où les "polaks" n'étaient pas toujours bienvenus, même si souvent aujourd'hui j'entends des gens qui ont vécu cette époque de loin, dire le contraire. "Ils se sont bien intégrés"...oui bien sûr, ils ont fait ce qu'il fallait.
Mon grand-père est mort d'une pneumonie, les poumons bouffés de silicose, il avait cinquante ans. Je ne l'ai jamais connu. Babcia disait "On ne va pas se malheurer"...Mon père, le cadet , quatrième de sa fratrie, encore adolescent, est descendu à la mine, tailler à coups de marteau-piqueur les veines de charbon où coulait le sang de sa famille. Il n'a jamais pu comprendre pourquoi quand il y a du travail à faire, personne d'autre que lui ne semble le voir.
Il ne nous a jamais obligés à travailler. Il m'a toujours dit "tu travailles pour toi".
Mais il nous répétait souvent qu'à seize ans, il mettait sa paye sur la table, pour sa mère.
Je ne comprenais rien à sa philosophie de la vie, je le voyais peu, il partait tôt et rentrait tard.
Toute entreprise est un monstre froid, il a mis un peu de temps à comprendre ce qui lui arrivait lorsqu'ils l'ont mis sur la touche suite à des problèmes de santé.
Au moins, il profite de sa retraite.
Dans sa famille, solidarité voulait dire quelque chose, et grâce à son grand frère qui était fort en classe, et qui est devenu professeur ("soyez professeur" disait toujours ma babcia..."fonctionnaire, c'est un bon travail...") , mon père a pu faire des études à l'école des mines. On lui a appris les bonnes manières, à être bien rasé et à plier sa serviette convenablement. Il a aussi appris à exploiter la mine, et ses cahiers, feraient rougir de honte n'importe quel "bon élève" d'aujourd'hui.
Ensuite, c'est une autre histoire...celle du bal des coulonneux.
Je vous la raconterai peut-être un jour.
On ne vient pas au monde avec un quota de bonheur attribué d'office...Naître en France, quoiqu'en disent certains, est un grand privilège.
Je remercie chaque jour mes grands parents, venus à pied de Pologne, de s'être installés en France pour que leurs enfants et les enfants de leurs enfants aient une existence meilleure. Le prix à payer était le prix fort, une vie passée à travailler dur dans un pays dont ils ignoraient la langue, où les "polaks" n'étaient pas toujours bienvenus, même si souvent aujourd'hui j'entends des gens qui ont vécu cette époque de loin, dire le contraire. "Ils se sont bien intégrés"...oui bien sûr, ils ont fait ce qu'il fallait.
Mon grand-père est mort d'une pneumonie, les poumons bouffés de silicose, il avait cinquante ans. Je ne l'ai jamais connu. Babcia disait "On ne va pas se malheurer"...Mon père, le cadet , quatrième de sa fratrie, encore adolescent, est descendu à la mine, tailler à coups de marteau-piqueur les veines de charbon où coulait le sang de sa famille. Il n'a jamais pu comprendre pourquoi quand il y a du travail à faire, personne d'autre que lui ne semble le voir.
Il ne nous a jamais obligés à travailler. Il m'a toujours dit "tu travailles pour toi".
Mais il nous répétait souvent qu'à seize ans, il mettait sa paye sur la table, pour sa mère.
Je ne comprenais rien à sa philosophie de la vie, je le voyais peu, il partait tôt et rentrait tard.
Toute entreprise est un monstre froid, il a mis un peu de temps à comprendre ce qui lui arrivait lorsqu'ils l'ont mis sur la touche suite à des problèmes de santé.
Au moins, il profite de sa retraite.
Dans sa famille, solidarité voulait dire quelque chose, et grâce à son grand frère qui était fort en classe, et qui est devenu professeur ("soyez professeur" disait toujours ma babcia..."fonctionnaire, c'est un bon travail...") , mon père a pu faire des études à l'école des mines. On lui a appris les bonnes manières, à être bien rasé et à plier sa serviette convenablement. Il a aussi appris à exploiter la mine, et ses cahiers, feraient rougir de honte n'importe quel "bon élève" d'aujourd'hui.
Ensuite, c'est une autre histoire...celle du bal des coulonneux.
Je vous la raconterai peut-être un jour.
