Jardin d'orage
Ce matin, le jardin ruisselle d'eau.
Elle est partout, sur l'herbe brûlée qui ne crisse plus, mais qui à présent commence à s'enfoncer avec un toucher spongieux, au bout des feuilles du figuier tout goutteux de perles de nacre, brillantes ou transparentes, sur les oliviers qui se secouent au moindre frémissement du vent tels des chats craignant l'eau froide.
Ca ne sent pas encore la terre humide, d'ailleurs, ça ne sent encore rien, c'est le petit matin, et tout est neutre.La page est encore à écrire.
L'hibiscus géant déroule la fleur d'hier, toute abimée telle un papillon géant blessé par une bourrasque. La magnifique corolle déployée la veille comme une robe de mariée qui valse, n'est plus qu'un moignon recroquevillé et blême. La nuit n'a pas été tendre avec tout le monde. Les plus fragiles n'y ont pas résisté.
Mais le sacrifice n'est pas vain, déjà, ici et là, un ou deux boutons, jusqu'alors timides s'entrouvrent et révèlent leur éclat juvénile. C'est le matin et ils ont une aventure à tenter. Ca passe ou ça casse, de toute façon, ça finit toujours par casser.
Le jet d'eau est endormi sur le sol. Quelques jeunes brins d'herbe tentent de le recouvrir, mais rien n'y fait. Il est trop tôt et la terre a encore soif. Il lui en faudra plus pour se remettre et se passer de la main attentive du jardinier.
C'est le matin, et il n'est pas encore levé.
Sa femme l'attend pieds nus, sur le seuil.
Il fait délicieusement frais et elle respire.
Elle est partout, sur l'herbe brûlée qui ne crisse plus, mais qui à présent commence à s'enfoncer avec un toucher spongieux, au bout des feuilles du figuier tout goutteux de perles de nacre, brillantes ou transparentes, sur les oliviers qui se secouent au moindre frémissement du vent tels des chats craignant l'eau froide.
Ca ne sent pas encore la terre humide, d'ailleurs, ça ne sent encore rien, c'est le petit matin, et tout est neutre.La page est encore à écrire.
L'hibiscus géant déroule la fleur d'hier, toute abimée telle un papillon géant blessé par une bourrasque. La magnifique corolle déployée la veille comme une robe de mariée qui valse, n'est plus qu'un moignon recroquevillé et blême. La nuit n'a pas été tendre avec tout le monde. Les plus fragiles n'y ont pas résisté.
Mais le sacrifice n'est pas vain, déjà, ici et là, un ou deux boutons, jusqu'alors timides s'entrouvrent et révèlent leur éclat juvénile. C'est le matin et ils ont une aventure à tenter. Ca passe ou ça casse, de toute façon, ça finit toujours par casser.
Le jet d'eau est endormi sur le sol. Quelques jeunes brins d'herbe tentent de le recouvrir, mais rien n'y fait. Il est trop tôt et la terre a encore soif. Il lui en faudra plus pour se remettre et se passer de la main attentive du jardinier.
C'est le matin, et il n'est pas encore levé.
Sa femme l'attend pieds nus, sur le seuil.
Il fait délicieusement frais et elle respire.